Passion Profession – Emilie Hepner
Bonjour, Bienvenue dans l’émission Passion Profession sur Radio Judaica 90.2, il est 16hNous allons passer une heure gourmande en compagnie d’Emilie Hepner, plus connue sous “Les cupcakes d’Emilie”
Comme d’habitude, ce qui va nous intéresser c’est de vous faire découvrir une belle histoire humaine et professionnelle d’une personne… en espérant que cela puisse vous inspirer et vous aider dans votre propre vie ou dans les conseils que vous donnerez à vos enfants et vos amis.
Au delà du bling bling, on va essayer d’aller en profondeur pour comprendre de la manière la plus vraie possible le REEL parcours de notre invité.
Alors, bonjour Emilie, je vous laisse le micro pour vous présenter
Présentation Emilie
Emilie Hepner, 35 ans, j’habite à Bruxelles et il y a 5 ans j’ai créé ma propre entreprise !
www.lescupcakesdemilie.com
Planter le décor
- Merci Emilie pour cette présentation, pourriez vous maintenant nous expliquer plus en détail votre jeunesse ?
J’ai passé mon enfance à bruxelles, au sein de la communauté juive, en allant a beth aviv puis maimonide et en allant de mes 7 à mes 18 ans à l’Hashomer Hatzair. J’ai jamais eu de gros soucis scolaires même si c’est vrai que j’étais pas vraiment passionnée par l’école.;-)
- Quelles études avez vous choisi et pourquoi?
En fait en terminant la rétho beaucoup de mes amis savaient qu’ils voulaient partir à l’étranger ou savaient quelles études faire … j’avais autours de moi des futurs politiciens, des avocats, des médecins et des artistes – moi je dois avouer que j’étais perdue. Je ne savais pas vers quoi me diriger et sur le conseil de mon père j’ai commencé une licences en sciences commerciales.C’était très généraliste ça me permettrait peut être au fur et à mesure de trouver ma voie … J’ai fait un erasmus à madrid, amélioré mon niveau de nuls et anglais et eu des cours assez divers mais en réalité j’ai passé les 4 années l’une à la suite de l’autre sans me demander réellement ce que je ferais ensuite – je me posais pas beaucoup de questions en fait 😉 Et puis est venue la fin des études et la même question : je fais quoi maintenant?
- Viens l’heure du choix du premier travail, quelles étaient les options et qu’avez vous choisi?
Ca ne me perturbait pas beaucoup mais c’est vrai que 4 ans plus tard c’était la même interrogation : je fais quoi maintenant? Alors j’ai continué dans la lignée de mes études et je suis entrée chez PwC pour faire de l’audit.
- Comment ca se passe ce travail d’audit chez PwC?
L’audit c’est très sérieux comme boulot, y a peu de place pour l’imagination et la création ça c’est sur 😉
Quand je repense à ces 3 ans chez PwC je vois ça comme un 3eme cycle universitaire. On démarre avec +/- 75 autres jeunes, on travaille en équipe pratiquement que avec des jeunes entre 25 et 30 ans.
Alors oui on travaille beaucoup mais c’était vraiment une super ambiance, des souvenirs extraordinaires puisque dans ce genre de société on essaye de créer un sentiment d’appartenance. Y a pas d’horaire, on travaille tant que y a des choses à faire et ça ne me posait pas de soucis – je suis une bosseuse. Le hic c’est que le travail en soi ne me convenait pas. Je ne me retrouvais pas dans ce côté de contrôle des sociétés.
Réviseur d’entreprise c’est un métier certifié donc pas le droit de faire ce qu’on veut – il y a des règles à suivre et d’ailleurs il y en avait de plus en plus. Au sein de la société même si on se marrait vraiment beaucoup je me sentais aussi petit à petit en décalage avec mes collègues. C’était d’ailleurs de notoriété entre nous – c’était une voie trop sérieuse pour moi. Un bête détail et tous mes potes de PwC en riaient: j’étais évidemment présentable mais je n’étais déjà pas habillée comme il fallait. Je suis pourtant vraiment pas excentrique mais rien que ça ça faisait toujours parler – le sac a frange, les sandales argentées, etc … j’étais pas assez classique faut croire 😉
Au bout de 3 ans en audit beaucoup commencent a quitter et a se diriger vers des postes financiers dans d’autres secteurs. La je me suis dit je ne vais pas continuer a suivre cette voie tracée, ce saut là je n’ai pas envie de le faire.
- Face à cette constat, vous décidez de changer de “voie” une première fois?
Une collègue me parle d’une amie qui travaille dans le recrutement et je décide de la rencontrer. J’avais passé un seul entretien moi – chez PwC donc j’avais pas d’expérience la dedans mais j’ai bien aimé le côté de faire rencontrer job et candidat.
C’est pas du social hein le recrutement, y a des objectifs à atteindre et c’est pas toujours évident. Mais ça me plaisait de rencontrer beaucoup de monde – je suis quelqu’un qui parle beaucoup et pour une fois ce n’était pas un problème 😉
L’ambiance était décontractée et la je pouvais m’habiller comme je voulais, la fête quoi 😉
Retour
Vous êtes sur Radio Judaica 90.2, dans l’émission passion profession en compagnie d’Arik Azoulay. Je recois aujourd’hui Emilie Hepner qui vient nous raconter sa fabuleuse histoire de cupcakes
Vous nous avez expliqué jusque présent votre début de carrière dans l’audit chez PwC et dans le recrutement chez Hays.
Votre passion
- Alors justement, revenons à la période de Hays, vous ne collez pas vraiment avec la culture?
Le boulot me plaît mais les conditions un peu moins … il faut répondre a des objectifs très précis et les horaires sont très strictes. Moi j’ai du mal avec ça. Car je peux être très productive un jour et rester travailler qques heures de plus mais si je me rends compte a un autre moment que ça n’avance pas je voudrais pouvoir faire une pause et ça évidemment quand on est employée dans une société c’est pas possible. Ca se comprend mais ça me posait problème. Je ne peux pas dire que j’ai vraiment un problème avec l’autorité mais il fallait rendre des compte et ça commençait à me peser. Et puis après 3 ans j’ai de nouveau commencer à m’ennuyer un peu, c’était très répétitif et ça s’est senti dans mes résultats ça c’est évident !!!
- Du coup vous explorez d’autres pistes, pouvez nous raconter le début des cupckakes, enfin devrais-je dire des gâteaux ;-)?
C’est un secret pour personne je ne suis pas une grande cuisinière, je ne suis pas cuisinier du tout à la base en fait 😉 Mais un jour je demande à une copine de m’apprendre à faire un simple gâteau au chocolat et il sort du four … délicieux ! Je me rends compte que passer du temps en cuisine me détend … pas de besoin de télé ou de téléphone juste être en cuisine ça me relaxe. A ce moment là j’achète un premier livre de pâtisserie et tous les soirs après le boulot j’en essaye une autre que les collègues goutent le lendemain. Y a eu des réussites … mais aussi qques ratés 😉 J’achète un peu de matériel en grande surface mais rien d’exceptionnel en fait ce que beaucoup avaient déjà chez elle mais qui manquait dans ma cuisine si rarement utilisée. Un soir je fais un cake et ayant encore de la pâte je la mets dans les petites caissettes en papier que j’avais achetées , je recouvre les mini cake de chocolat avec des petites billes de couleurs et là …
- Alors je crois que tout s’enchaine très vite…
Les filles goutent tout ça au bureau et l’une d’entre elles me dit “www super bons tes cupcakes”. Je ne savais pas de quoi elle me parlait c’était la première fois que j’entendais le mot cupcake … et c’était y a 5 ans et demi. Je fais qques recherches et je découvre sur internet le monde des cupcakes. Alors je me lance et j’en fais encore et encore … Apres quelques semaines je mets tout naturellement des photos sur Facebook et les gens semblent apprécier – on me demande même si on peut commander. Moi ça me fait sourire et j’en prépare alors régulièrement pour mon entourage mais les demandes continuent et un responsable d’un snack m’appelle pour me demander de le fournir – chose impossible puisque je faisait ça le soir chez moi dans ma cuisine tranquille.
- Vos résultats s’en font sentir…
Clairement je n’ai plus du tout la tête au recrutement … J’avais passé des années à suivre une voie tracée mais tout à coup j’avais une passion. Elle est arrivée tardivement c’est sûr mais c’était devenu une obsession. Mon boulot n’est plus bon, mon boss plus très content et je décide de quitter Hays. Mais en tant que fille sérieuse je passe des entretiens d’embauche en ressources humaines a droite et a gauche car en réalité à ce moment là je me disais : démarrer un business de cupcakes c’est pas sérieux, c’est pas un métier 😉
- Comment tout s’enchaine à partir de là?
En octobre, je fais les premiers cupcakes, à Noel je poste les photos, en janvier j’ai eu des commandes de copains, en février commandes d’un snack et mars j’ai refusé l’offre d’ING et j’ai lancé la procédur pour créer la société.
- Comment vous prenez la décision de partir?
Viens le moment ou j’ai devant moi une offre très intéressante pour un emploi en ressources humaines dans une banque … mais j’arrive pas à dire oui. Ce serait plus sage d’accepter mais au fond de moi j’en n’ai pas envie. Mon entourage trouve les cupcakes très sympa mais au final personne ne prend ça très au sérieux. C’est l’enthousiasme légendaire de mon frère qui va me faire basculer. Il a raison : c’est l’opportunité à saisir ! J’ai toujours attendu d’avoir une passion, une envie de faire quelque chose et ça se présente à moi, pourquoi ne pas le faire? Qu’est ce que je risque ?
- En quelle année sommes nous?
On est en mars 2010 il y a tout juste 5 ans !!! Et la je prends la décision … je refuse l’offre d’emploi et j’envoie un sms à ma famille en disant: “j’ai dit non au job, je veux faire des cupcakes”.
Les Cupcakes
- Bon alors déjà, pourquoi vous choisissez ce nom?
J’ai jamais vraiment aimé mon prénom … petite je tapais ceux qui me chantait la chanson d’Emilie jolie. Mais au moment de choisir un nom, après avoir envisagé “cupcakes and co” je reviens à la simplicité. C’est à nouveau mon frère qui entre en jeu et me propose les cupcakes d’Emilie. Tout a coup mon prénom me plaît et c’est parti puisque c’est moi qui prépare les cupcakes ce sera les cupcakes d’Emilie.
- Ok , alors super vous vous lancez dans l’aventure, comment se passent les début?
L’état d’esprit a changé autours de moi et tout le monde m’a soutenu. Je suis quasi sûre que tout le monde me croyait folle – clairement dans la tête de mes potes c’était : bon elle va s’amuser un an et après retour à latéralité et il faudra retrouver un travail. Pour dire vrai c’est un peu ce que je me disais aussi … j’avais envie d’y croire amis au fond de moi j’y croyais quand même pas à 100%.
- Quels sont vos rêves au début?
Au début je reste dans ma cuisine, et transforme mon petit appart en atelier … tout l’espace est utilisé pour la confection des cupcakes. En réalité je ne savais pas trop à quoi rêver. J’espérais tout simplement que ça plaise … que les mamans me commandes des cupcakes pour les gouters de leurs enfants et que le bouche a oreille fasse son travail.
- Quelles étaient vos craintes au début?
En fait ça a été tellement vite que j’ai pas eu le temps de comprendre ce qui se passait. J’avais peur que ça s’arrête ça c’est sur mais ça n’a pas été le cas puisqu’on est toujours bien là 😉 Le deuxième point: le produit est proportionnellement “cher”, et donc je me demandais si les gens allait acheter. Aujourd’hui très peu de clients me disent que c’est cher car c’est très abordable.
- Comment êtes vous passé dessus?
J’ai avancé petit à petit … au départ je pensais que ce serait un produit destiné aux enfants, aux goûters d’anniversaire etc … mais les commandes arrivaient pour des adultes aussi et un jour j’ai eu l’idée de faire une pièce montée pour le mariage d’une amie – là j’ai pu voir la réaction des gens qui étaient tous enchantés ! Alors j’ai compris que il n’y avait pas de limite, tout le monde peut avoir son cupcake 😉
- Un de vos secret a été de ne pas brûler des étapes
J’ai commencé toute seule dans ma cuisine, puis j’ai installé un atelier, engagé de l’aide et ensuite commencé à distribuer dans différents traiteurs et pâtisseries en plus des commandes des particuliers.
Après 2 ans d’activité une grande société nous a demandé de répondre à un appel d’offre : pourrions nous fournir 40.000 cupcakes personnalisés avec un logo pour une seule et même date … On me donnait 1 semaine pour répondre ! J’ai d’abord relu plusieurs fois le mail, je pensais que le nombre de cupcakes était erroné mais non c’était bien une demande éventuelle de 40.000 cupcakes. Et en une semaine je suis passée par tous les états d’esprit. J’ai d’abord rigolé parce que ça me semblait totalement absurde comme demande. Puis j’ai réalisé que inconsciemment je me demandais comment ce serait réalisable … Alors j’ai commencé à faire des calculs, des projections et des estimations. Tout a coup mes années PwC me revenaient en flèche ! J’étais alors presque euphorique en me disant mais oui c’est évident je le fais, je dis oui et je me débrouillerai !
Puis s’en est suivi 48h sans dormir et avec une boule au ventre … la toute l’excitation retombait !
Pour chaque point positif j’en voyait deux négatifs et le terre a terre l’a emporté sur l’enthousiasme. J’ai réalisé que mon business tournait bien, que ça évoluait correctement et que la réputation faisait beaucoup dans ce genre d’activité. Et j’ai compris que ce serait une grave erreur de bruler les étapes, je n’étais pas prête pour ça, les cupcakes d’Emilie n’était pas prêt pour ça. Oui ça aurait été une super pub mais si quoi que ce soit ne tournait pas comme il faut tout se cassait la figure. Si pour une raison ou une autre on ne livrait pas tout ce que j’avais construit comme réputation pour s’écrouler en quelques jours. Alors j’ai décliné l’offre.
J’ai préféré voir sur le long terme. Et je ne l’ai pas regretté. Il y a des moments ou il faut savoir être raisonnable aussi 😉
- Vous en êtes où aujourd’hui?
Aujourd’hui on va fêter nos 5 ans ! Et tout se passe pour le mieux. On est une petite équipe dynamique. Notre clientèle est très vaste. On travaille avec des traiteurs, des organisateurs d’évènements et mariage. On distribue dans des pâtisseries et des traiteurs partout à Bruxelles et on a notre petit magasin a l’avant de l’atelier depuis un an aussi. On fait aujourd’hui autant de cupcakes pour les adultes que pour les enfants 😉 Chacun à son thème et ça varie beaucoup. On travaille avec beaucoup de société pour réaliser des cupcakes avec leurs logo pour des réunions, des fêtes de sociétés ou pour offrir à leurs clients en fin d’année. On participe chaque année aux plaisirs d’hivers pendant 6 semaines en fin d’année – c’est énormément de travail mais c’est un plaisir car c’est l’occasion de voir les clients en directe, de faire découvrir notre produit et d’avoir les réactions à chaud. Tellement drôle le nombre de gens qui se prennent en photo avec leur cupcake avant de le manger 😉
- Dans 10 ans, les cupcakes d’Emilie ressemblent à quoi?
Ca c’est une bonne question … il y a des projets, certains plus concrets que d’autres comme toujours. Mais tout ça est encore très confidentiel. Mon idée était que le cupcake s’installe dans les habitudes des gens. La concurrence ne me fait pas peur. C’est en ayant plusieurs enseignes qu’un produit s’installe petit à petit. Aux états unis le cupcake fait partie des desserts depuis toujours, espérons que ça soit la même chose ici ! Bien sur je souhaiterais distribuer dans encore plus d’endroits, sortir de Bruxelles d’abord et un jour probablement sortir de Belgique !
Conclusion
- Quel Conseil donneriez vous à nos auditeurs?
J’ai toujours eu du mal à donner des conseils … chaque situation est tellement différente. Moi j’ai toujours avancé au feeling, suivi mon intuition. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer dans des nouvelles aventures même si on ne sait pas ce que ça donnera. Bien sûr il faut le savoir lancer son business c’est dur … c’est du bonheur mais c’est difficile aussi. Il n’y a plus d’horaire et trois fois plus de travail mais 5 ans après je ne regrette rien du tout !